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Cluster 14 | E.R.S.T.U.

Enjeux et Représentations de la Science, de la Technologie et de leurs Usages.

Interfaces entre sciences naturelles et sciences humaines : enjeux scientifiques et partage des savoirs

Opération

Responsable(s) : Florian Charvolin, Jacques Roux

Objectif : Explorer l’interface entre certaines disciplines scientifiques relevant des deux grands domaines de sciences (nature, société humaine), qui intègrent, tant dans leur méthodologie que dans leur épistémologie, un principe d’association avec les porteurs de connaissances profanes. Le séminaire et la publication qui en découlera ouvriront sur des propositions permettant de reconsidérer les lignes de clivage entre social et naturel, entre science et société, et défendant un ou des modèles de scientificité compatibles avec la reconnaissance de l’immersion de l’acte scientifique (dans sa dimension tant individuelle que collective) dans son milieu.

Argumentaire méthodologique : Certaines sciences résonnent avec les pratiques locales de connaissance des personnes non spécialisées, telles que l’accointance, la passion, l’observation indigène, l’intérêt et la vigilance, etc., à travers des questions qui rétablissent dans le processus scientifique lui-même, les deux étages de la « fusée » : le problème de l’accord et de la coordination des acteurs sociaux entre eux, et la question méthodologique des rapports d’observation ou d’expérimentation entre non-humains et humains. Ces disciplines (ou parties de disciplines) des sciences dites de la nature envisagent différemment le rapport au confinement engendré généralement par la spécialisation scientifique et réintroduisent le risque de se faire accuser de « sociales » au sens péjoratif du terme : sciences travaillant par indices, certaines parties de l’éthologie travaillant par anecdotes et enquêtes, certaines parties de la paléontologie et de la géologie travaillant par narration, l’épidémiologie, etc. A l’inverse certaines disciplines (ou parties de disciplines) des sciences dites humaines s’interrogent sur l’immersion de leur sujets d’études dans le monde environnant et sur la limite d’une société qui serait sans nature (sociologie des risques, de la santé, sociologie des sciences, archéologie...). Le fait que ces disciplines soient malgré tout reconnues, installe une ligne de clivage entre social et naturel qui n’est pas exactement celle des clivages entre société et science. Le séminaire, en prenant acte de tout l’intérêt attaché à l’idée d’un moratoire disciplinaire, en suspendant partiellement le jugement sur la scientificité de la science par opposition à sa reconnaissance sociale, s’attachera à montrer les confluences et les divergences entre les disciplines concernées.

Axes structurants : Trois dimensions seront plus particulièrement explorées. La question de la configuration des objets de science : comment sont-ils constitués, quelles sont les règles qui ouvrent ou qui ferment telle ou telle configuration ; en quoi une prise en compte de la dimension profane conduit à renouveler (ou non) les cadres normatifs d’une discipline à un moment donné ; symétriquement, qu’est-ce qu’un « objet du monde » offre comme prises pour apparaître de manière partagée comme « objet de science »... La question des relations de pouvoir entre disciplines ou parties de disciplines : le monde de la science n’est pas un long fleuve tranquille, il offre plutôt une image contrastée, avec des avancées pour certains, des reculs pour d’autres, avec des conflits au niveau des moyens, des enjeux de reconnaissance, de médiatisation... Le séminaire tâchera de décrypter ces relations de pouvoir à partir de cas précis. Enfin, il s’agirait de cerner les dimensions d’une éthique de la recherche (les valeurs qui font qu’on s’attache à une approche, qu’on y tient, qu’on accepte d’y prendre des risques) qui traverserait les disciplines et qui les relierait de manière transductive. Comment, dans l’expérimentation d’autres manières de faire de la science et de la publier (d’en assumer la dimension collective), se travaille ce que serait une dimension morale de l’activité scientifique, clé sans doute décisive d’une refondation du contrat entre science et société qui soit à la hauteur des enjeux du monde contemporain ?

Les forces

Outre les responsables scientifiques (Florian Charvolin et Jacques Roux). Chercheurs et enseignants associés : Thierry Jolliveau (CRENAM), Dominique Vinck (INPG, CRISTO) Joelle Le Marec (ENS-LSH)

Modalités

Séminaire ; Localisation : Saint-Etienne, Université Jean Monnet ; Périodicité : bi-mensuel. Principe des séances : 12 séances, faisant une place à des invités extérieurs (nationaux, européens ou nord-américains) et des chercheurs régionaux. Fonctionnement du séminaire : 12 journées sur 2 ans (à raison de 6 séances par an). Sur une journée : une demi-journée « ouverte » au public sous forme d’une conférence-débat. Une demi-journée « fermée » avec les membres réguliers du séminaire, avec une entrée plus recherche.

Résultats

Publication d’un ouvrage

Bibliographie B. Bensaude-Vincent, Eloge du mixte. Matériaux nouveaux et philosophie ancienne, Hachette, 1998 B. Conein. Ethologie et sociologie, Revue Française de sociologie, vol. 33, 1992, pp.87-104. E. Crist. Images of Animals, Temple University Press, 1999. V. Despret. Naissance d’une théorie éthologique. Paris, Les empêcheurs de penser en rond, 1996. S. J. Gould. La vie est belle, Paris, Seuil, 1991. N. Jardine et al. Cultures of Natural History, Cambridge, Cambridge Univ. Press 1996. D. Lestel. L’animal singulier ? Paris, Seuil, 2004. D. Lestel, Les origines animales de la culture, Flammarion, 2001 J. Roux, T. Magnin, La condition de fragilité. Entre science des matériaux et sociologie, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2004 I. Stengers, La guerre des sciences, Cosmopolitiques, T1, La découverte- Synthélabo, 1996 I. Stengers, D’une science à l’autre, des concepts nomades, Seuil, 1987