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Cluster 14 | E.R.S.T.U.

Enjeux et Représentations de la Science, de la Technologie et de leurs Usages.

Projets transversaux

La construction des savoirs au tournant des Lumières. Figures de « passeurs » entre science, histoire et littérature

22 novembre 2007 - 23 novembre 2007
Grenoble, campus universitaire
contact : Alain Guyot

Journée organisée par le Centre d’études stendhaliennes et romantiques (Traverses 19-21 - E.A. 3748 - Université Stendhal Grenoble 3) et le Centre de recherche en histoire et histoire de l’art - Italie, pays alpins (Université Pierre Mendès France Grenoble 2)

avec le soutien de la Région Rhône-Alpes (cluster 14 : « Enjeux et représentation de la science, de la technologie et de leurs usages »)

Contacts (rétablir l’arobase @ dans les adresses) :
— alain.guyot(a)u-grenoble3.fr
— gilles.bertrand(a)upmf-grenoble.fr

Alain Guyot, maître de conférences en littérature française, chargé de mission culture, responsable de la mission interuniversitaire "Culture et initiatives étudiantes" à Grenoble Universités

Bureau Z001, Université Stendhal Grenoble 3, Domaine universitaire - 1180 Av. Centrale - BP 25, F38040 GRENOBLE CEDEX 9

tél : +33476824105


Le XVIIIe siècle finissant, que l’on a coutume de nommer « siècle de la sensibilité », et l’aube du XIXe siècle, temps du premier romantisme, voient émerger une série de figures notables d’écrivains, d’hommes de science, de soldats ou de simples hommes de lettres au sens large du terme, voyageurs le plus souvent, par l’intermédiaire desquels un dialogue constant et fructueux a pu se nouer entre science, histoire et littérature.

Ces personnalités sont d’autant plus intéressantes qu’à l’époque, savoirs et pratiques scientifiques en sont encore à constituer le processus de leur spécialisation : science, histoire et littérature n’ont pas toujours achevé de construire des espaces qui leur soient propres et qui soient susceptibles de se penser en termes de rupture. En témoigne la dette implicite ou explicite à l’égard des grands écrivains que se reconnaissent certains savants.

Étudier ces figures de passeurs au tournant des Lumières pourrait donc fournir des clés de lecture pour qui cherche à comprendre les relations complexes entretenues par la science et la littérature dans ce « moment » très particulier. Par leur formation, leur itinéraire personnel ou les missions qui leur ont été confiées, ces personnages souvent influents se retrouvent souvent à la croisée des disciplines et, partant, jouent un rôle essentiel dans la circulation des savoirs. Autant d’invitations à se pencher sur la manière dont les différents champs s’articulent et interagissent dans leurs écrits, comme sur l’influence et les variations du style qu’ils y adoptent.

En outre, leur conception de la connaissance est encore fortement tributaire des Lumières, qui pensent cette dernière en termes encyclopédiques et véhicule une vision totalisatrice des savoirs sur le monde. En témoigne la manière dont l’époque envisage le récit de voyage, entreprise de découverte dont la relation doit « renferme[r], sans distinction, tous les objets de la curiosité et du savoir », selon les propres mots de l’abbé Prévost. Dans ces conditions, les « passeurs » auxquels on souhaite s’intéresser ne peuvent dissocier le point de vue scientifique qu’ils entendent développer d’une pratique exploratoire, d’ordre narratif et subjectif, et d’une vision du monde, d’ordre philosophique, esthétique ou métaphysique, qui s’imposent comme naturellement à eux et à leur écriture. Il convient donc de s’intéresser à la manière dont la formation classique qu’ils ont reçue, les outils rhétoriques dont elle les a pourvus, les lectures qui les ont influencés transparaissent dans la manière dont ils font dialoguer les disciplines pour aboutir à cette sorte de syncrétisme scientifique si propre au tournant des Lumières, et qui caractérise encore la pensée de Humboldt.

On souhaiterait enfin s’interroger sur le statut social de ces hommes de lettres et de sciences d’un genre bien particulier, ainsi que sur le statut littéraire et épistémologique de leurs écrits. Les aléas de leur carrière ont-ils influencé leur écriture, leur vision du monde et leur approche des objets auxquels ils se sont intéressés, ou encore la manière dont leurs écrits ont été reçus ? Comment jugeons-nous, en notre époque d’hyperspécialisation, ces savants doublés d’hommes de lettres, qui ne se souciaient aucunement de dissocier les objets de leur réflexion et les disciplines qui leur permettaient de les aborder ?

Les thématiques et les axes de réflexion suggérés par le cluster 14 de la Région Rhône-Alpes « Enjeux et représentation de la science, de la technologie et de leurs usages » fournissent l’occasion rêvée d’évoquer ces figures parfois oubliées, souvent injustement tournées en dérision par un siècle encore empreint de technocratisme et de positivisme. Le souci constant que ces « passeurs » ont manifesté de ne jamais dissocier la perspective scientifique et la perspective humaniste, de penser le monde de manière globale, sans jamais négliger une écriture toujours mise au service de cette pensée, peut nous aider à réfléchir sur notre propre culture scientifique et notre manière d’aborder les objets de la connaissance au XXIe siècle.

Programme :

Jeudi 22 novembre 2007

Maison des Langues et des Cultures, Salle Jacques Cartier

13h30 Accueil des participants

14h00 Ouverture des travaux

Alain GUYOT (Grenoble)
— Présentation de la journée

Irène PASSERON (Paris)
— Autour de D’Alembert et de ses correspondants

Gilles MONTEGRE (Grenoble)
— L’Arcadie romaine (1772-1790)

Gabriel THIBAULT (Rouen)
— Les paysages d’un philosophe-ingénieur (autour de Bernardin de Saint-Pierre)

Vendredi 23 novembre 2007

Maison des Langues et des Cultures, Salle Jacques Cartier

9h00 Début des travaux

Maurice ROUILLARD (Paris)
— Cabanis, homme de l’art : de la sensibilité d’organe à la sensibilité d’esprit. Entre salons et Académie

Serge BRIFFAUD (Bordeaux)
— Actualité du paysage humboldtien

Frank ESTELMANN (Francfort)
— Joseph Michaud, passeur entre poésie et histoire

Ariane DEVANTHERY (Lausanne)
— Du savoir spécialisé au savoir vulgarisé, réflexion autour de la naissance des guides modernes

Gilles BERTRAND (Grenoble)
— Conclusion de la journée